L'arrivée sur le marché de sites web de création de vidéos en ligne qui proposent de traduire et transformer aussi bien l'audio que le visuel de l'articulation d'un protagoniste transforme profondément la perception de l'autoscopie, ainsi que les usages qu'un enseignant de langues peut en faire. Par exemple, évaluer la production orale par le biais d'une présentation vidéo en L2 n'offre plus la garantie que le langage ainsi produit soit celui du locuteur enregistré. En contrepartie, de nouvelles voies s'ouvrent pour des travaux sur la prononciation, l'entraînement pour une prestation à l'oral, voire pour un travail sur soi.
Après une première expérimentation avec 15 collègues enseignants et chercheurs en langues étrangères afin de valider la qualité et la faisabilité de l'approche, nous avons décidé d'étudier le potentiel d'un de ces outils pour travailler le concept du soi idéal en L2 de Dörnyei (2009). Nos questions de recherche sont : « Comment le fait de s'observer en train de parler couramment une langue étrangère peut-il influencer l'image idéale que l'on a de soi dans cette langue (Dörnyei & Ushioda, 2009) ? Un modèle de soi parlant couramment, pourrait-il être plus motivant que d'autres images de soi ? Une image vidéo concrète serait-elle plus motivante qu'une représentation mentale (Ryan and Irie, 2014) ? Ce moi « nouveau » pourrait-il servir de modèle pour la posture, la prononciation (en particulier le mouvement articulatoire) ou d'autres gestes liés à la langue ?
Nous avons sollicité la participation de 5 classes d'anglais de la première à la 3ième année en IUT pour cette deuxième phase de recherche. Chaque étudiant, après consentement éclairé, a enregistré une vidéo d'environ 30 secondes en français (ou dans une autre L1). Ils ont ensuite téléchargé leur vidéo pour traduction et transformation sur un site de création vidéo pour la faire traduire en anglais. Nous leur avons demandé de regarder la vidéo ainsi produite et répondre à un questionnaire en ligne pour récolter leurs réactions, en ciblant nos questions de recherche. Par la suite, différentes classes ont réalisé des tâches différentes : certains se sont entrainés à la prononciation de mots et de phrases comportant des sons qu'ils trouvaient difficiles ; d'autres se sont entrainés à faire une présentation pour une évaluation de fin d'année ; un dernier groupe a travaillé avec un sous-titrage automatisé pour renforcer leur connaissances lexicales et grammaticales.
Lors de NEALA, nous présenterons les résultats de l'étape du questionnaire, en examinant plus particulièrement les observations quant aux aspects naturels et artificiels évoqués par les apprenants.